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1- Ô cité d'Angkor, des temps modernes, Tes enfants devant toi se prosternent Car tu es la perle, le trésor de l'univers, Et la source d'admiration de tous les khmers. 2- Ô cité d'Angkor, emblème de notre apogée, Tu as su, dans le temps, garder ta renommée, Et aujourd'hui, tu demeures le symbole vivant De la gloire passée de la race des VARMAN. 3- Ô cité d'Angkor, chef d'oeuvre des chers ancêtres, Merveille de pierre de toute l'humanité, De la jungle hostile, un jour tu vas renaître Car tes fils et filles se sont solidarisés. 4- Ô cité d'Angkor, joyau de la nation khmère, Grâce à toi ta race est resté digne et fière, Toi seul pourras ramener toutes les richesses Pour les partager au monde en détresse. 5- Ô cité d'Angkor, âme du peuple khmer, Nous te devons le bonheur et la vie prospère, Car tant que tu vivras sur cette planète Terre, Le Kampuchea ne retournera jamais en poussière. |
Ly Kim Huy, ingénieur École centrale de Paris.
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Chant de Paix et Poème de Makhali-Phal ¹ |
Makhali-Phal a publié, en 1937, un chant de paix, poème dédié au peuple khmer, à l'occasion de la première édition en langue cambodgienne du Vinaya Pitaka, première corbeille du canon bouddhique. Makhali-Phal s'adresse au peuple khmer, mais à travers elle, c'est le peuple qui s'adresse à lui-même une supplique afin de rendre à la civilisation l'âme vivante sans laquelle les civilisations meurent:
Dans une courte préface à l'édition de ce Chant de Paix, l'académicien Edmond Jaloux explique ce désir de chanter qu'a Makhali-Phal. «Il peut arriver que certains voix expriment plus qu'elles ne croient vouloir le faire; il peut arriver qu'elles prolongent indéfiniment l'écho des voix mortes et qu'elles soient les interprètes d'âmes anéanties qui désirent à tout prix survivre, dire ce qu'elles ont été et pourquoi elles l'ont été. Cela est peu fréquent en Occident où les races, pendant des siècles, ont permis aux hommes d'agir en leur nom et nullement de s'abandonner à un voeu cosmique. Mais dans l'antique Extrême-Orient, où les foules parlent plus haut que l'individu, on voit renaître de loin en loin ce merveilleux phénomène. C'est ainsi qu'il faut considérer Makhali-Phal ». Le poète chante donc au nom de la collectivité. Elle chante la vie, la parole de la vie:
Pour le poète, la parole de la vie, c'est la parole du Bouddha. Il ne faut pas s'en étonner. Makhali-Phal est une bouddhiste. Au-dessus de ces vers, tantôt lourds de répétitions, de redondances conformes au génie khmer, plane la pensée du Bouddha. C'est lui qui, dans l'esprit du poète, a préservé le peuple khmer:
C'est à ce petit peuple perdu en Orient que Makhali-Phal va demander de transmettre un message de vie et de pure essence lyrique au monde qui en a besoin:
Ici, le poème de Makhali-Phal est devenu universel. Malgré nous, nous tressaillons. C'est un reproche que le poète adresse au monde. Nous nous sentons englobés dans cette misère humaine que l'homme s'est créée lui-même en adorant les idoles Science, Progrès, Raison. Où se trouve le bonheur, le calme et la paix ? Peut-on trouver la paix sans la lumière de l'amour qui regénère, qui vivifie et qui inspire ? Le poète implore son peuple de donner la paix au monde:
Le poème de Makhali-Phal possède à n'en pas douter un souffle poétique d'envergure. C'est un poème sans âge, presque un peu poème mythique, tant que la tradition et la mission sacrées de sa race y occupent une large place. ¹ MAKHALI-PHAL, chant de Paix, Bibliothèque Royale du Cambodge, Phnom Penh, 1937. |